• Le Bouddhisme est une voie de transformation de l’esprit, pour aller de l’ignorance à la sagesse, de l’égocentrisme à l’altruisme et à la compassion. L’esprit est la source du véritable bonheur et est également la source de l’expérience de la souffrance. Le Bouddhisme propose des méthodes pour libérer l’esprit de l’illusion et des états mentaux nuisibles tels que la haine, l’obsession, la jalousie, et l’orgueil. Les enseignements bouddhistes sont très vastes et comprennent aussi bien des points de vue philosophiques qu’une pratique spirituelle dont le but est de se défaire d’une vision erronée de la réalité et de déraciner les causes mêmes de la souffrance.

    Les articles suivants sont des extraits d’enseignements de grand maîtres bouddhistes tibétains, des biographies de ces maîtres, et des discussions et précisions sur divers points de la philosophie bouddhiste.

     

     

     

    Les bienfaits de la réflexion sur l'impermanence :

    La vie est aussi éphémère qu'une goutte de rosée à la pointe d'un brin d'herbe. On ne peut arrêter la mort, de même qu'on ne peut empêcher les ombres de s'étirer au soleil couchant. Vous pouvez être extrêmement beau, vous ne séduirez pas la mort. Vous pouvez être très puissant, vous ne l'influencerez pas davantage. Même les richesses les plus fabuleuses ne vous achèteront pas quelques minutes de vie supplémentaires. La mort est aussi certaine pour vous que pour celui qui a le cœur transpercé d'un poignard.

    Un jour, un rude Tibétain du Khampa vint offrir une pièce de tissu à Droubthop Tcheuyoung, l'un des plus éminents disciples de Gampopa, pour lui demander des enseignements. À plusieurs reprises Droubthop Tcheuyoung renvoya le Khampa en dépit de ses multiples supplications. Comme celui-ci insistait, le maître prit finalement les mains de l'homme dans les siennes et lui répéta trois fois:
    — Je mourrai; tu mourras.
    Puis il ajouta:
    — Voilà tout ce que mon maître m'a enseigné. C'est tout ce que je pratique. Médite simplement là-dessus. Je te promets qu'il n'y a rien de plus grand.

    L'idée de la mort tourne l'esprit vers le Dharma, elle nourrit l'assiduité, et elle permet, pour finir, de reconnaître la radieuse clarté de la dimension absolue. La mort devrait toujours être l'un des sujets essentiels de vos méditations.

    Lorsque la véritable compréhension de l'impermanence aura commencé à poindre dans votre esprit, vous ne vous laisserez plus emporter par la discrimination entre ami et ennemi, vous serez à même de déchirer l'épais enchevêtrement des activités distrayantes et futiles, vous serez capable de puissants efforts, tout ce que vous ferez prendra la direction du Dharma, et vos qualités s'épanouiront comme jamais auparavant.

     

    Pourquoi le Bouddha est-il vénéré ?

    Le Bouddha n'est pas vénéré comme un Dieu, ou comme un saint, mais comme le sage ultime, comme la personnification de l'Eveil.
    Le mot sanscrit "bouddha", signifie "celui qui a réalisé", celui qui a assimilé la vérité, et le mot par lequel il est traduit en tibétain, "sanguié", est composé de deux syllabes : "sang" signifie qu'il a "dissipé" tout ce qui voile la connaissance et aussi qu'il s'est "éveillé" de la nuit de l'ignorance, et "guié" signifie qu'il a "développé" tout ce qui est à développer, c'est-à-dire toutes les qualités spirituelles et humaines de connaissance et de compassion.

     

    La paix intérieure n'est pas l'apathie :

    Il est essentiel de ne pas confondre sérénité et apathie. L'une des caractéristiques d'une pratique spirituelle stable est l'invulnérabilité aux conditions extérieures, favorables ou défavorables. On compare l'esprit du pratiquant à une montagne que les vents ne peuvent ébranler : il n'est ni tourmenté par les difficultés ni exalté par le succès. Mais cette équanimité intérieure n'est ni apathie ni indifférence. Elle s'accompagne d'une véritable jubilation intérieure et d'une ouverture d'esprit qui se traduit par un altruisme à toute épreuve.

     

    La réincarnation n'est pas la renaissance d'un "moi" :

    Tout d'abord, il faut bien comprendre que ce qu'on appelle réincarnation dans le bouddhisme n'a rien à voir avec la transmigration d'une "entité" quelconque, rien à voir avec la métempsycose. Tant que l'on raisonne en termes d'entités plutôt que de fonction, de continuité de l'expérience, le concept bouddhiste de renaissance ne peut pas être compris. Il est dit "qu'aucun fil ne passe au travers des perles du collier des renaissances." Il n'y a pas identité d'une "personne" au travers de renaissances successives, mais conditionnement d'un flot de conscience.

     

    Attitude devant la mort :

    Lorsqu'on débute sur le chemin spirituel, il est bon d'être poursuivi par la peur de la renaissance et de la mort, à la manière d'un cerf qui s'échappe d'un piège. A mi-chemin, mieux vaut faire en sorte de n'avoir rien à regretter, même si l'on devait mourir sur l'instant, tel le paysan confiant qui a travaillé son champ avec soin. A la fin, l'on doit pouvoir être heureux comme quelqu'un qui a terminé une grande mission.

    Ce qu'il est surtout nécessaire de savoir c'est qu'il n'est pas de temps à perdre, comme si une flèche avait atteint un endroit vital de notre corps.

     

    Conseil spirituel :

    Les alternances des pensées 
    De bonheur et de souffrance, de désir et d'aversion
    Ne sont, en fait, que la manifestation 
    De la vacuité lumineuse de l'esprit.
    Sans altérer ce qui ainsi s'élève,
    Regarde la nature de ce déploiement
    Qui sera ainsi perçu en tant que grande félicité. 


    A présent, alors que tu disposes de cette existence humaine,
    Concentre toute ton énergie à la mise en pratique du sublime enseignement.
    Il est impossible de mener à bien l'intégralité des tâches,
    Et comme de surcroît, il y a tant à faire :
    Abandonne simplement toutes ces vaines dispersions. 


    Quand bien même aurais-tu soumis un ennemi, 
    Que d'autres surgiront en nombre.
    Mieux vaut rompre l'échine de l'unique adversaire : 
    Le tyran des passions qui domine ton esprit.

    Pour l'heure, parents et amis s'entendent bien
    Mais ils se fâchent facilement ; 
    Dans la vie, toutes ces relations humaines 
    Ne sont souvent que source de tourments.


    Il se peut que tu t'enrichisses
    Mais en tirer du contentement est chose difficile ; 
    Savoir trancher le nœud de la cupidité,
    Voilà qui serait bien plus essentiel.

    Lorsque les amis sur lesquels tu comptais te trompent,
    Que ton cœur s'en remette aux indéfectibles Trois Joyaux

    Face au désespoir que cause la perte d'un être tant aimé 
    Comprends clairement la nature ultime du désespoir.
    Demeure, avec l'esprit libre et ouvert, 
    Dans l'espace de lumineuse vacuité,
    Inexprimable en mots.

    Il est insensé d'entretenir de l'attachement ou de la haine
    Envers nos congénères des six mondes, 
    Avec lesquels nous avons tissé des liens si puissants.
    La prise de conscience de l'impartialité n'est-elle pas en elle-même
    Libération, grande béatitude ?

    A la source du bonheur ou de la souffrance
    Se trouve la simplicité naturelle de l'esprit.
    Un arc-en-ciel n'altère pas le ciel…
    Laisse toute chose dans le vaste espace du détachement.

     

    Un vie remarquable :

    Dilgo Khyentsé Rinpotché était l'un des derniers maîtres de cette génération de grands lamas qui parachevèrent leur éducation et leur entraînement au Tibet. C'était l'un des principaux maîtres de la tradition Nyingma, qui passa prés de trente années de sa vie à méditer en retraite pour faire fructifier les nombreux enseignements qu'il avait reçus.

    Il écrivit de nombreux poèmes, des textes de méditation et des commentaires ; c'était un tertön, un découvreur de textes-trésors (termas) recélant les profondes instructions cachées par Padmasambhava. Il était non seulement l'un des maîtres principaux des instructions directes de la Grande Perfection, mais il fut une représentant exemplaire du mouvement rimé (non sectaire), réputé pour son aptitude à transmettre les enseignements de chaque lignée bouddhiste selon chaque tradition.

    Erudit, sage et poète, instructeur des maîtres, Rinpotché ne cessa jamais d'inspirer ceux qui l'avaient rencontré, par sa présence monumentale, sa simplicité, sa dignité et son humour. Il était né en 1910 dans la vallée de Denkhok. A sa naissance, il fut béni par l'illustre Mipham Rinpotché.

    Encore petit garçon, Rinpotché manifesta le profond désir de se dévouer entièrement à la vie spirituelle. Mais son père nourrissait pour lui d'autres projets. Ses deux fils aînés, déjà, s'étaient éloignés de la famille pour la voie monastique ; l'un avait été reconnu comme la réincarnation d'un lama et l'autre voulait être médecin. Le père de Rinpotché aurait bien voulu que son plus jeune fils marche sur ses traces ; il ne pouvait se faire à l'idée que lui aussi soit un lama réincarné, comme l'avaient déjà suggéré plusieurs maîtres érudits. A l'âge de dix ans, le petit garçon fut gravement brûlé ; il dut garder le lit pendant presque un an. Des lamas avisés prédirent qu'il ne vivrait pas longtemps si on ne le laissait pas suivre la voie spirituelle. Ils insistèrent tant et si bien que, se rangeant à leurs conseils, le père accepta que son fils agisse selon ses voeux et ses aspirations.

    A onze ans, il rencontra son maître principal, Shéchen Gyaltsap, qui le reconnut alors expressément comme étant la réincarnation de l'esprit de sagesse du premier de Djamyang Khyentsé Wangpo (1820-1892). Khyen-tsé signifie "sagesse" et "amour". Shétchen Gyaltsap, qui vivait dans un ermitage au-dessus du monastère, lui transmit toutes les initiations essentielles et les instructions particulières de la tradition Nyingma. Rinpotché étudia encore auprès de beaucoup d'autres grands maîtres, dont Khenpo Shenga, disciple de Patrul Rinpotché, et Khenpo Thupga, deux des plus grands érudits de l'époque. Il reçu des enseignements de plus de cinquante instructeurs et maîtres spirituels.

    Mais il passa le plus clair de son temps, entre l'âge de 13 et 30 ans, à des retraites solitaires dans des grottes et ermitages au-dessus de son village natal de Sakar, à Denkhok.

    Dilgo Khyentsé Rinpotché passa ensuite de nombreux mois auprès de Dzongsar Khyentsé Chökyi Lodrö (1896-1959), qui était aussi une réincarnation du premier Khyentsé. Après avoir reçu de lui les multiples initiations, Rinpotché lui déclara qu'il souhaitait passer le reste de ses jours en méditation solitaire. Mais son maître lui répondit ceci : « Il est pour toi l'heure d'enseigner et de transmettre à d'autres tous les précieux enseignements que tu as reçus. » Dès lors, Rinpotché oeuvra constamment au bien des êtres avec cette inlassable énergie qui est le sceau des Khyentsé.

    Une fois qu'il eut quitté le Tibet, Khyentsé Rinpotché voyagea partout dans les Himalayas, en Inde, en Asie du Sud-Est et en Occident pour transmettre et expliquer le Dharma à ses nombreux disciples.

    Il vécu de nombreuses années au Bhoutan, où il eut de nombreux disciples, de la famille royale au plus humbles paysans. Où qu'il se trouvât, il se levait bien avant l'aube pour prier et méditer quelques heures, avant de se lancer dans une suite ininterrompue d'activités, jusque tard dans la nuit. Il abattait chaque jour une impressionnante quantité de travail avec une sérénité totale et, apparemment, sans le moindre effort.

    Ce fut un infatigable bâtisseur et restaurateur de stoûpas, de monastères et de temples, tant au Bhoutan qu'au Tibet, en Inde et au Népal. 

    Au cours des dernières années de sa vie, Rinpotché se rendit trois fois au Tibet, où il put entreprendre la reconstruction de l'ancien monastère de Shéchen, détruit pendant la Révolution culturelle, et contribuer de multiples façons à la restauration de plus de deux cents temples et monastères tibétains, notamment celui de Samyé.

    Au Népal, il transplanta la riche tradition de Shéchen dans sa nouvelle demeure : un monastère en face du grand stoûpa de Bodhnath. C'est là qu'il établit son siège et que vit une importante communauté de moines guidés à présent par Shéchen Rabjam Rinpotché, son petit-fils et héritier spirituel.

    Après la destruction systématique des livres et des bibliothèques au Tibet, beaucoup d'ouvrages n'existaient plus qu'à un ou deux exemplaires. Rinpotché s'employa pendant de nombreuses années à publier le plus possible de l'extraordinaire héritage d'enseignements bouddhistes du Tibet, trois cents volumes au total. Au cours de sa vie, outre d'innombrables autres enseignements, il transmit les cent huit volumes du Kangyour à deux reprises et, à cinq les soixante-trois volumes du Rinchen Terdzö.

    C'est en 1975 qu'il se rendit pour la première fois en Occident, après quoi il revint régulièrement en Europe, ainsi que trois fois en Amérique du Nord. Il enseigna dans de nombreux pays et surtout en France, en Dordogne, où il avait son siège, Tashi Pelbar Ling. C'est là que des personnes venues du monde entier pouvaient recevoir de lui des enseignements approfondis et que, sous sa direction, plusieurs groupes de pratiquants entreprirent la traditionnelle retraite de trois ans.

    A travers ses vastes activités éveillées, Khyentsé Rinpotché consacra toute sa vie à la préservation et à la propagation de l'enseignement du Bouddha. Ce qui lui apportait le plus de satisfaction, c'était de voir les gens mettre les enseignements en pratique de manière effective et leurs vies transformées par l'épanouissement de la pensée de l'Eveil et de la compassion.

    En 1991, Khyentsé Rinpoché manifesta les signes de la maladie et le 27 septembre 1991, au Bhoutan, à la tombée de la nuit, il pria ses serviteurs de l'aider à s'asseoir bien droit. Aux premières heures du matin, sa respiration cessa et son esprit s'évanouit dans l'espace absolu.

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    La science de l'esprit :

    Dans quelle mesure peut-on former son esprit à fonctionner de manière constructive, à remplacer l'obsession par le contentement, l'agitation par le calme, la haine par la compassion ? Voilà vingt ans, un quasi-dogme des neurosciences voulait que le cerveau contienne tous ses neurones à la naissance et que leur nombre ne soit pas modifié par les expériences vécues. A présent, on parle plutôt de « neuroplasticité », un terme qui rend compte du fait que le cerveau évolue continuellement en fonction de nos expériences et peut fabriquer des nouveaux neurones tout au long de la vie. Il peut, en particulier, être profondément modifié à la suite d'un entraînement spécifique, l'apprentissage d'un instrument ou d'un sport, par exemple. Cela implique que l'attention, la compassion et même le bonheur peuvent, eux aussi, être cultivés et relèvent pour une grande part d'un « savoir-faire » que l'on peut acquérir.

     

    Or, toute acquisition d'un savoir-faire nécessite un entraînement. On ne peut pas s'attendre à bien jouer au tennis ou du piano sans une longue pratique préalable. Si l'on consacre un certain temps, chaque jour, à cultiver la compassion ou toute autre qualité positive, il est concevable que l'on puisse atteindre des résultats semblables à ceux que l'on obtient en entraînant son corps. Pour le bouddhisme, « méditer » signifie « s'habituer » ou « cultiver ». La méditation consiste à se familiariser avec une nouvelle manière d'être, de gérer ses pensées et de percevoir le monde. Les neurosciences permettent aujourd'hui d'évaluer ces méthodes et de vérifier leur impact sur le cerveau et sur le corps.

     

    Les recherches en cours indiquent par exemple que l'activité cérébrale des sujets méditant sur la compassion est particulièrement élevée dans le lobe préfrontal gauche, une région du cerveau liée aux émotions positives. La compassion, le fait de se soucier du bien-être des autres, est donc associé aux autres émotions positives comme la joie et l'enthousiasme. De plus, les zones impliquées dans la planification des mouvements et de l'amour maternel sont, elles aussi, fortement stimulées. Pour les contemplatifs, cela n'a rien de surprenant, car la compassion engendre une attitude d'entière disponibilité qui permet le passage à l'acte.

     

    Il semble que nous soyons au seuil de découvertes passionnantes qui devraient prouver que l'on peut transformer l'esprit de façon beaucoup plus importante que la psychologie ne l'avait supposé. La méditation pourrait ainsi acquérir en Occident les lettres de noblesse dont elle jouit depuis des millénaires en Orient.

     

    L'impermanence :

    Après la mort de sa mère, Shabkar, l'extraordinaire yogi tibétain du XIX è siècle, comprend pleinement l'impermanence de toutes choses et l'importance de la pratique du dharma :

     

    Au moment où ils déposèrent les os de ma mère dans mes mains, je songeai : « A ho! Les choses de ce monde ne sont vraiment rien. Au fil des ans, ma vieille mère, préoccupée par la pensée de son fils unique et par l'affection qu'elle lui portait, a amèrement pleuré ; elle m'a envoyé des lettres et des messages me suppliant de revenir. Mais en dépit de ses pressantes requêtes je n'ai pas voulu interrompre mon ascèse. Je pensais que ma mère était encore jeune et que je la reverrais au bout de quelques années.

     

    Ainsi, croyant obstinément en la permanence des choses, j'ai toujours repoussé mon retour. Je l'ai sciemment trompé en lui écrivant sans cesse : « L'an prochain... Je viendrai te voir... L'an prochain. » Et, en fin de compte, elle est morte sans que je ne l'ai jamais revue.

     

    « Pourtant, moi son fils ingrat, guidé par la pensée de ma mère, je venais juste de prendre la route pour aller la retrouver, le baluchon sur le dos, la canne à la main. Je n'avais aucun cadeau de valeur à lui offrir, mais je revenais avec des paroles de réconfort que j'avais préparées en moi même, des mots qui lui auraient apporté la paix de l'esprit.

     

    « Mes mérites n'étaient pas suffisants. Ma mère, elle, était déjà sur l'infâme chemin bien connu qui a pour nom la Mort. Elle n'est plus sur cette terre où elle pouvait m'entendre quand je lui parlais et où je pouvais la contempler à loisir. Elle s'en est allée vers la distante contrée de la prochaine vie.

     

    « Même si par le mérite de la pratique assidue du Dharma, nous nous retrouvons dans nos vies ultérieures, nous n'aurons pas eu l'opportunité de nous rencontrer une dernière fois sur cette terre et de prononcer les paroles affectueuses qui auraient réchauffé nos coeurs. » […]

     

    « Point n'est besoin de méditer davantage l'impermanence et la mort : ma mère m'a donné cet enseignements en disparaissant. Et maintenant, si je ne pratique pas le Dharma, qu'est-ce qui me reste ? »

     

    La vacuité :

    Dilgo Khyentsé Rinpotché, l'un des plus grands maîtres tibétains du XX è siècle aborde le concept bouddhiste de la vacuité:

     

    Lorsqu'un arc-en-ciel apparaît, lumineux dans le ciel, vous pouvez contempler ses belles couleurs, mais vous ne pouvez l'attraper et le porter comme un vêtement. L'arc-en-ciel naît de la conjonction de différents facteurs, mais rien en lui ne peut être saisi. Il en va de même pour les pensées. Elles se manifestent dans l'esprit, mais elles sont dépourvues de réalité tangible ou de solidité intrinsèque. Aucune raison logique ne justifie donc que les pensées — qui sont insubstantielles — disposent de tant de pouvoir sur vous, aucune raison pour que vous en soyez l'esclave.

     

    L'infinie succession de pensées passées, présentes et futures, nous conduit à penser qu'il existe quelque chose qui serait là de manière inhérente et permanente. Nous appelons cela l'esprit. Mais en fait, les pensées passées sont aussi mortes que des cadavres, et les pensées futures ne sont pas encore survenues. Alors, comment ces deux catégories de pensées qui n'existent pas pourraient-elles constituer une entité qui, elle, serait existante ? Et comment la pensée présente pourrait-elle s'appuyer sur deux choses inexistantes ? 

     

    Cependant, la vacuité des pensées n'est pas simplement du vide, comme on pourrait le dire de l'espace. Il y a là, présente, une conscience spontanée, une clarté comparable à celle du soleil qui éclaire les paysages et permet de voir les montagnes, les chemins et les précipices.

     

    Bien que l'esprit soit doué de cette conscience intrinsèque, affirmer qu'il y a un esprit, c'est apposer l'étiquette de réalité sur quelque chose qui n'en a pas, c'est énoncer l'existence d'une chose qui n'est qu'un nom donné à une succession d'événements. On peut appeler ‟collier ”l'objet constitué par des perles enfilées, mais ce ‟ collier ” n'est pas une entité douée d'une existence intrinsèque. Quand le fil casse, où est le collier ?

     

    (http://www.matthieuricard.org/articles/categories/articles-sur-le-bouddhisme)

     

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