Au téléphone, la secrétaire de l'ophtalmologiste ne faisait pas une reprise de la chanson de Jacques Brel : elle a simplement signifié à Micheline Adobati que son patron ne recevrait pas les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU). A savoir ces Français exclus du système de la Sécurité sociale, ou trop pauvres pour bénéficier d'une complémentaire.
"Elle m'a dit 'ces gens-là' ! Non mais, tu vas voir ce qu'ils vont te faire, ces gens-là !" fulmine cette quinquagénaire à la carrure de malabar et à la voix de rogomme, "au RSA [revenu de solidarité active, NDLR] depuis trois ans". Elle a fulminé… et raccroché sans protester.
Je ne suis pas du genre à laisser passer, mais se faire mal parler, on finit par en prendre comme qui dirait l'habitude. Parce que ça arrive tout le temps."