• Luttons ensemble contre le RACISME !

     

    NON AU RACISME !!!

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  • Emma Watson dénonce le "sexisme" et le "racisme" dans le milieu de la mode

     

     

     

    La comédienne Emma Watson a une nouvelle fois fait parler d'elle pour son engagement.
    En effet, la star de Harry Potter a déclaré dans une vidéo pour Vogue, le magazine dont elle fera la couverture en septembre, qu'il était temps de dénoncer le "sexisme" et le "racisme" qui minent parfois le milieu de la mode.
    Celle qui défend la cause féminine depuis tant d'années assure “J’ai­me­rais voir une repré­sen­ta­tion plus diver­si­fiée des femmes, mais aussi des hommes, afin que tout le monde puisse s’y voir et se sentir capable d’ac­com­plir de grandes choses.”.

     

     

    http://www.jeanmarcmorandini.com

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  • Les discriminations envers les plus démunis seront bientôt pénalisées par la loi. "Cassos", "irresponsables", "profiteurs", ils nous racontent le racisme social vécu jour après jour.

    "On est pauvres, on est cons" : le racisme social au quotidien.

     

     

     

    Elle m'a dit : 'Désolée, on ne prend pas ces gens-là.'"

     

    Au téléphone, la secrétaire de l'ophtalmologiste ne faisait pas une reprise de la chanson de Jacques Brel : elle a simplement signifié à Micheline Adobati que son patron ne recevrait pas les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU). A savoir ces Français exclus du système de la Sécurité sociale, ou trop pauvres pour bénéficier d'une complémentaire.

     

    "Elle m'a dit 'ces gens-là' ! Non mais, tu vas voir ce qu'ils vont te faire, ces gens-là !" fulmine cette quinquagénaire à la carrure de malabar et à la voix de rogomme, "au RSA [revenu de solidarité active, NDLR] depuis trois ans". Elle a fulminé… et raccroché sans protester.

    Je ne suis pas du genre à laisser passer, mais se faire mal parler, on finit par en prendre comme qui dirait l'habitude. Parce que ça arrive tout le temps."

     

    Je ne suis pas du genre à laisser passer, mais se faire mal parler, on finit par en prendre comme qui dirait l'habitude. Parce que ça arrive tout le temps."

    Sirotant un café dans son F5, cité du Haut-du-Lièvre, à Nancy, Micheline, par fierté, peine à l'avouer, mais la discrimination, c'est son quotidien. "Comme tous ceux d'ici", précise-t-elle avec un accent lorrain à couper au couteau. "Ici", le quartier le plus "mal fréquenté" de la ville, où elle réside depuis des décennies. 

     

     

     

     

    (http://tempsreel.nouvelobs.com)

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  • « Etre noir en France, c’est toujours avoir à s’excuser pour sa couleur »

    Nous avons reçu de nombreuses réponses à notre appel «C'est quoi être noir(e) en France, au quotidien ? Racontez-nous». En voici une sélection.

     

    Mercredi, nous lancions un appel à témoignages afin de mettre en avant les discriminations dont sont victimes les citoyens noirs en France. Un écho au documentaire Trop noire pour être française ? d’Isabelle Boni-Claverie, que nous diffusons en exclusivitédepuis deux jours et qui passera ce vendredi à 23h05 sur Arte. Vous avez été nombreux à réagir et à apporter votre contribution, en particulier sur Twitter via le hashtag #TuSaisQueTesNoirEnFranceQuand. Certain-e-s en ont hélas profité pour se livrer à des remarques tout bonnement racistes, quand d’autres ont critiqué un «discours victimaire» de la part des contributeurs. Fort heureusement, l’écrasante majorité des internautes concernés a saisi cette occasion pour dénoncer des comportements inadmissibles et pourtant récurrents.

    Certaines remarques sont revenues de nombreuses fois, en particulier : Tu sais que tu es noir en France quand…

    … on te demande si tu sais parler africain.

    … les Blancs veulent te toucher les cheveux.

    … tout le monde se retourne vers toi quand il y a une chanson de Magic System.

    … on te demande de sourire pour pouvoir te voir dans le noir.

    … le prof parle d’esclavage en cours et tout le monde se retourne vers toi.

    Voici une sélection, non exhaustive, des témoignages recueillis et des tweets publiés avec le hashtag #TuSaisQueTesNoirEnFranceQuand :

    Francis, 32 ans, pianiste classique, pianiste accompagnateur et compositeur : «J’ai souvent eu l’occasion de jouer en piano solo pour les Journées du patrimoine. Il m’est arrivé plusieurs fois que l’on me prenne pour le vigile et non pour le pianiste au vu de ma tenue de concert (costard). J’ai beau affirmer le contraire, le rire se mêle à l’incrédulité jusqu’à ce que je me mette à faire mon récital. J’ai même eu droit à "Ah, je ne savais pas que des Noirs pouvaient jouer de la musique classique, c’est plutôt curieux. Ceci dit, bravo Monsieur". Limiter un style de musique à une couleur de peau est abject. Il est même arrivé pour une programmation qu’on accole à côté de mon nom "pianiste de jazz". Je n’ai rien contre le jazz, au contraire. Mais ma sensibilité musicale reste tournée vers la musique classique.»

     

     

    Christophe : «Vous savez que vous êtes noir quand, bien qu’issu de plusieurs dizaines de générations françaises (1830 côté Antilles et 1453 côté «gaulois»), il vous faut toujours justifier de votre nationalité française.»

     

     

    Diarra, étudiante en médecine : «Tu sais que tu es noire en France quand on te demande en permanence si, "quand tu auras fini tes études tu retourneras dans ton pays", sachant que je suis née et que j’ai grandi en France. A plusieurs reprises, les familles de patients m’ont prise pour l’aide-soignante et m’ont demandé de ramener le bassin à leur proche ou de leur faire la toilette…»

     

     

     

     Cécile, avocate : «Tu sais que tu es noire en France quand, dans une soirée réunissant des chefs d’entreprise, on te prend pour le personnel de service et pas pour un chef d’entreprise, alors que c’est ce que tu es. Tu sais que tu es noire en France quand ton interlocuteur a les yeux écarquillés quand tu lui apprends quel est ton métier. Tu ne peux pas être une femme, être noire et être avocat. Tu sais que tu es noire en France quand on te dit que tu parles un excellent français. Où est ton accent ?»

     

     

    Aurore, installée à Londres : «Tu sais que tu es noire en France quand tes "camarades" blancs de la fac n’arrêtent pas de te demander : "Mais comment ça se fait que ton nom de famille soit français alors que tu es noire ?". Je vis maintenant à Londres où personne ne m’a jamais interrogée sur mon nom de famille. Pour les Britanniques, je suis française. Jamais mes amis anglophones noirs qui portent des noms de famille anglais, écossais ou irlandais ne se sont fait interroger par leurs compatriotes blancs sur l’origine de leur nom. Parce que, pour eux, ces Noirs sont britanniques à part entière et c’est tout.»

     

     

    Ibra Khady, journaliste : «Je suis journaliste dans la chaîne d’information Africa 24, à Paris. Mes camarades de classe sont à RFI, BFM… mais les journalistes noirs sont dans les médias communautaires.»

     

     

     

    Marie, élève interne dans une institution catholique, seule Noire de sa classe : «Je crois que ce qui me faisait le plus mal, c’est quand j’entendais "Tu viens d’où ?" ou "T’es quoi ?". Dans ces moments-là, j’aurais aimé leur dire que je suis aussi française qu’eux, que je viens de France, que j’y suis née et que je ne vais dans les pays de mes parents que pour les vacances. Mais, habituellement, je réponds tout simplement : "Mali par ma mère et Congo par mon père." Et généralement, on me laisse tranquille. Finalement, j’ai le sentiment qu’être noir en France, c’est toujours avoir à s’excuser pour sa couleur, c’est avoir à faire face à des insultes et des brimades, mais surtout se dépasser, travailler plus dur que les autres pour avoir droit à la même chose. Etre noir en France, c’est un défi au quotidien.

     

     

    Marc-Antoine : «Tu sais que tu es noir quand un élève te demande : "Combien de temps prend une négresse pour chier une merde ? Neuf mois ! Pourquoi tu te fâches ? C’est une blague." Tu sais que tu es noir quand tu te fais traiter de «sale race» dans le bus et que personne ne semble y prêter attention, sauf ta fille de 8 ans qui pleure pendant que l’on nous menace de "nous péter la gueule".

    Tu sais que tu es noir quand tu as un entretien, que celui qui te reçoit dit, surpris, "Ah, c’est vous monsieur XXXXX". Tu sais que tu n’auras pas le poste. Ton nom et ton prénom étant ce qu’il y a de plus français, il ne pouvait pas t’écarter avant l’entretien. Courtisé pour le CV, rejeté pour l’apparence que tu n’as pas choisie à la naissance.

    Tu sais que tu es noir le jour où tu comprends que tu dois accepter ces humiliations toute ta vie. Généralement, on te répondra que tu "affabules", que tu "fais dans la victimisation""que tu fais chier avec tes histoires de Noirs et de Blancs""que tu n’as pas bien compris, je le connais, il n’est pas raciste""tu as forcément une part de responsabilité dans cette altercation". Autrement dit, souffre et tais-toi.»

     

     

     

    Amy, 18 ans : «Tu sais que tu es noire lorsque tu montres la photo de ta petite cousine métisse à une de tes camarades et que, lorsque tu lui dis qu’elle s’appelle Victoria, elle te répond : "Mais c’est un prénom de Blanc ça."»

     

     

     

    Thierry, Savoyard blanc marié à une femme originaire de Côte d’Ivoire, Française depuis 2003, témoigne de ce qu’elle vit en Haute-Savoie : «Combien de fois, marchant seule, des personnes, toujours en voiture, se sont permis de la traiter de singe, retourne dans ta brousse… Lorsqu’elle s’est inscrite à une auto-école pour passer le permis, le responsable lui a demandé, avec un petit sourire en coin, s’il y avait des panneaux de signalisation en Afrique. Un individu qui l’a accostée un jour dans la rue se permet de lui dire : "Moi peux t’aider si toi pas de papiers, toi jolie fille, venir avec moi ?" Enceinte de 7 mois de notre enfant métis, une fille accompagnée de sa mère l’insulte à la caisse d’un magasin : "Y en a marre de ces gens-là, on paye tout pour eux et en plus ils viennent faire leurs gosses ici." Je dois préciser que nous n’avons jamais demandé ou bénéficié d’aide sociale.»

     

     

     

    (http://www.liberation.fr)

     

     

     

     

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    Etre invisible comme une femme noire en France

     

    Etre invisible comme une femme noire en France

     

    Vous vous souvenez de la première fois que vous vous êtes dit, en lisant un livre, en voyant un film, que le personnage en face de vous vivait exactement ce que vous viviez? Que soudainement un questionnement, un problème, des interrogations qui vous avaient hanté prenaient corps dans une œuvre de fiction et vous offraient un discours pour articuler ce que vous ressentiez depuis tellement longtemps?

    Etre femme et noire

    Pour Anna1, ce fut Tar Baby, de Toni Morrison, prix Nobel de littérature 1993. Anna avait 20 ans, et c’était la première fois qu’elle lisait un livre dont l’héroïne était une femme noire contemporaine vivant le même genre de vie qu’elle:

    «Il y avait plein de détails qui m’interpellaient: ses cheveux, ce qu’elle mettait sur sa peau. Plein de détails de mon quotidien que je n’avais jamais lus, tout à coup je les lisais chez une auteure afro-américaine et là ça a été la grosse claque. Je me suis dit: oui j’existe. Je peux me lire.»

    Si Anna a attendu ses 20 ans pour se retrouver dans des représentations culturelles, c’est parce que cette jeune fille française est noire, et qu’en France, les femmes noires sont presque inexistantes dans l’espace public.

    Elles ne sont pas dans les films (Aïssa Maïga et Firmine Richard sont les seules comédiennes noires reconnues en France), elles ne reçoivent pas de prix (le seul César du meilleur acteur jamais remis à un noir l’a été à Omar Sy en 2012). Elles ne sont pas sur les couvertures de magazines non plus: en 2013, selon un calcul réalisé par Slate, seulement 5% des mannequins montrées dans Vogue étaient noires ou métisses; idem dans Glamour; 8% dans BE; 1% dans Grazia; 3% dans Elle. En couverture, c’était parfois zéro. A la télévision, selon le baromètre CSA de la diversité, établi selon l’origine auto-déclarée (les statistiques ethniques sont interdites en France), on compte 16% d’individus «perçus comme non-blancs». Donc nécessairement moins de 16% de noirs. L'Assemblée nationale ne compte que trois députées noires pour la France métropolitaine, George Pau-Langevin, Seybah Dagoma (toutes deux élues à Paris –la première fait partie du gouvernement) et Hélène Geoffroy (élue de Vaulx-en-Velin). 

    Il y a une absence des noirs dans l’espace public français. Mais les femmes noires sont à l’intersection de deux discriminations: le fait d’être femmes, et le fait d’être noires.

    «Mon premier rapport au manque c’était en littérature», raconte Anna, dont les parents sont professeurs, et qui tient aujourd’hui Mrs Roots, un blog sur la littérature afro(-américaine/caribéenne/africaine…) sur lequel elle a notamment raconté cette expérience

    «La littérature j’adore ça, c’est mon domaine. Et en termes de déni, c’est quelque chose qui m’a accompagné tout au long de mes études: tu es face à une littérature classique, française, majoritairement blanche et tu te cherches, tu te demandes si c’est inconcevable qu’il y ait eu des noirs à une certaine période historique, si ça te concerne. Tu te demandes où tu es. Tu es femme noire française, c’est ton pays, mais toi tu n’es nulle part et tu te dis: elle est où mon histoire, où je suis? Puis tu culpabilises, tu te demandes si tu demandes trop, si tu veux trop te voir? Mais non, tu veux juste savoir que tu n’es pas un cas spécifique nié par ta propre culture. Bien sûr tu as des amis, tu as une famille. Mais tu es et tu te sens invisible aux yeux de la société: tu n’existes ni au cinéma, ni en littérature, dans les séries, ni sur les podiums… On t’apprend à ne pas te voir.»

    Tu es femme noire française, c’est ton pays, mais toi tu n’es nulle part et tu te dis: elle est où mon histoire, où je suis?

    Anna

    C’est dans cette absence que s’est immiscée Céline Sciamma avec Bande de Filles. Si le film est tellement commenté depuis sa présentation à Cannes en mai dernier, tellement mis en avant dans les journaux, c’est parce qu’au-delà de sa qualité cinématographique, le parti pris est radical: il n’y en a pas, des films produits à l’intérieur de l’industrie cinématographique française, réalisés par une Française, avec un budget correct, dont toutes les héroïnes sont noires. C’est la première fois.

    Céline Sciamma n’a cessé de le répéter dans ses interviews: elle les voulait ces images-là, de femmes noires prenant tout l’écran, en cinémascope. Pas un film Benetton qui ferait plaisir à tout le monde, façon Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu?. Mais un film où l’universel serait noir, pour une fois.

    Car cette absence de femmes noires à l’écran n’est pas un simple manque selon la réalisatrice:

    «C'est une absence qui produit du discours, c’est une pensée de l’effacement. C’est une idéologie à l’œuvre, le fait de ne pas les représenter.»

    Se penser soi-même

    Cette absence de représentation, à son échelle de femme, Céline Sciamma l’a connue: 

    «Je n’allais pas au cinéma seulement pour être représentée, mais j’y allais pour ça aussi, et il fallait sans cesse que je détourne les représentations à l’écran pour me trouver. C’est un travail d’enquête qu’on doit faire dans les films pour essayer de se voir à travers les hommes blancs qui sont montrés.»

    Ne pas exister à l’écran explique-t-elle, dans l’espace public, «ça n’aide pas à se penser soi-même. On manque de dialogue, or la pensée s’élabore aussi dans le dialogue, la dialectique. Cette absence est une entrave au fait de pouvoir prendre toute sa place».

    Elle a voulu la leur donner cette place, aux jeunes femmes noires.

    «Les jeunes filles noires qui ne se voient pas dans les productions culturelles contemporaines n’ont pas de proposition française d’image de soi idéalisée. Cela revient à ne pas se sentir regardé», remarque Sarah Chiche, psychanalyste et psychologue clinicienne.

    «Si l’on n’est pas représenté, on l’assimile au fait de ne pas être représentable, indigne d’être représenté.»

    Or, «c’est essentiel pour se construire», confirme Sabine Belliard, psychologue clinicienne et psychothérapeute, auteure de La Couleur dans la peau, et qui enseigne à l'université Paris-Diderot:

    «L'absence systématique, criante (car permanente) pousse à l'interprétation selon laquelle sa place n'irait alors pas de soi dans l'espace public. Si l'image est en périphérie ou absente alors la place qu’on s’attribue aussi.»

    Pour l’exprimer autrement, le sociologue Eric Fassin, spécialiste de la politisation des questions sexuelles et raciales, rappelle cette photo de Pete Souza d’un petit garçon noir dans le Bureau ovale, en train de toucher les cheveux du président Barack Obama.

     

    Etre invisible comme une femme noire en France

     

     

    «Cette photo le montrait clairement: l’enfant avait du mal à croire qu’un président puisse avoir les mêmes cheveux que lui», explique le chercheur. Et en touchant, il voyait. Cette certitude donnée du possible est fondamentale.

    «Ceux qui balaient d’un revers de main cette question de représentation se placent du point de vue de ceux qui sont déjà représentés. Mais n'être pas représenté empêche de se représenter soi-même: il y a une violence de cette absence.»

    L’une des formes de violence très claire est celle qui, par défaut, impose la blancheur comme la beauté.

    Il y avait des coiffeurs pour noirs, des films avec des noirs, des pubs avec des noirs. C’était incroyable pour moi.

    Amandine Gay

    Amandine Gay, 30 ans, qui a comme Anna fait cette expérience du manque, travaille justement sur un documentaire sur les représentations des femmes noires, qui s’appellera Ouvrir la Voix. Un jour, quand elle avait 12 ans, le père d’une de ses amies, un basketteur professionnel américain, l’emmène aux Etats-Unis, dans la communauté afro-américaine de Washington DC, pour les vacances.

    «Là j’ai découvert qu’il y avait des endroits où on existait. Il y avait des coiffeurs pour noirs, des films avec des noirs, des pubs avec des noirs. C’était incroyable pour moi. C’est là que tu te rends compte qu’avant tu n’existais pas.»

    A la même époque, Amandine était obsédée par le lissage des cheveux, pour obtenir des cheveux «de blanche» et se conformer à l’idéal. «On est toujours dans un idéal qui n’est pas nous, puisque nous, nous n’existons pas.»

    La militante, éditorialiste, chroniqueuse et auteure Rokhaya Diallo est du même avis:

    «Se considérer comme belle est très compliqué, vous ne faites pas partie des canons établis.»

    «Déjà inaccessibles pour la plupart des femmes blanches, les normes dominantes suscitent chez les femmes noires, arabes ou asiatiques une haine de soi encore plus grande», estime Mona Chollet dans son passionnant essai Beauté Fatale«Il résulte de ce rejet des pratiques encore plus coûteuses et plus dangereuses que celles des blanches. Défrisages réguliers, perruques, voire produits éclaircissants et chirurgie: les femmes noires ont un budget beauté "neuf fois supérieur", indique Rokhaya Diallo.»

    Confiance en soi

    Karidja TouréAssa SyllaLindsay Karamoh, et Mariétou Touré, les comédiennes de Bande de filles, expliquent que le fait de ne pas se sentir représentées dans la société n’a absolument pas nui à leur confiance en elles. Pourtant, Assa Sylla (Lady dans le film) précise:

    «Pour moi c’était impossible d’imaginer pouvoir devenir actrice. Parce que je suis noire. Etre actrice c’était pour les blancs.»

    Lindsay Karamoh (Adiatou) renchérit:

    «Mais pas que dans le cinéma, dans plein de métiers on ne pouvait pas s’imaginer.»

    Imaginer, c’est justement essentiel, selon Sarah Chiche:

    «C’est nécessaire pour se projeter et se lancer dans un projet, se fixer des objectifs.»

    Cette absence de modèles, c’est une absence de rêves proposés, c’est une absence de choix et c’est une absence d’armes.

    Des modèles comme armes

    Grace Libissa2, chef de projet qui a grandi dans le 93 et est entrée dans une grande école via une convention ZEP, explique qu’elle aussi voulait devenir comédienne, faire une carrière artistique:

    «Mon père voulait un diplôme “solide“ mais je n’avais aucun argument à lui opposer pour lui prouver que je pouvais y arriver. Parce qu’il n’y a pas d’exemples. Il y a Aïssa Maïga et elle tourne à peine parce qu’elle refuse les rôles “de noires“. Je manquais d’exemples pour convaincre mon père, mais j’en manquais aussi pour me convaincre moi-même.»

    Ce manque de représentations n’empêche pas tout. Grace a tout de même fait une grande école. Et d’autres qu’elles ont réussi. Rokhaya Diallo souligne la complexité de la chose:

    «Moi-même ça ne m’a pas affectée au point de détruire ma confiance en moi, mais j’ai eu une famille assez structurée, une maman très forte qui m’a servi de modèle donc j’avais de quoi nourrir mes projections. Je ne me suis personnellement jamais interdit quoi que ce soit, mais c’est grâce à mon environnement. Pour moi, l’absence générale de représentations me rendait très attentive dès qu’il y en avait une pour faire exception. Et ça rendait les représentations négatives encore plus évidentes.»

    Les représentations positives multiples sont d’autant plus nécessaires que les représentations négatives existent, et manquent d’autant plus que ces dernières se retrouvent sans contrepoids. 

    Dia, 33 ans, assistante de gestion dans un organisme public, avait par exemple toujours subi le racisme comme s'il allait de soi, jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte, et décide de chercher comment faire face au racisme pour son enfant, comment l'aider face à ça quand il grandirait. Mais elle n'avait pas d'exemple.

    «C'est là que l'absence de représentation m'a vraiment frappée pour la première fois. Je ne savais pas vers qui me tourner, quels blogs, quels livres lire à mon enfant pour l'aider. Aucun conseil, aucune piste de réflexion. J'étais seule.»

    Depuis, Dia a ouvert son blog

    «Tous les rôles s'appellent Fatou»

    Les yeux habitués à chercher des noirs désespérément tombent sur les caricatures racistes avec une violence accrue. Rokhaya Diallo se souvient par exemple que, petite, les seuls noirs qu’elle a vus dans des programmes français étaient «un noir ridiculisé chez Stéphane Collaro et un autre dans Le Miel et les abeilles aussi».

    Les rôles proposés encore aujourd’hui sont stéréotypés. Lors des interviews, séparées, Grace et Amandine, qui ne se connaissent pas, disent exactement la même chose en un cri du cœur:

    «Tous les rôles s’appellent Fatou.»

    J'ai pas envie de faire la caillera ou de me mettre un os dans le nez alors que j’ai lu tout Zola et Balzac.

    Grace Libissa

    Amandine: 

    «J’ai tous les castings calls de ces dernières années et une demi-douzaine de scénarios ont ces prénoms-là. Il faut aussi porter un boubou et faire un accent africain. C’est pour des programmes qui vont ensuite passer sur Tf1 ou France3.»

    Grace:

    «Ça fait 12 ans que je fais des castings et à chaque fois c’est pour faire la noire. J’ai pas envie de faire la caillera ou de me mettre un os dans le nez alors que j’ai lu tout Zola et Balzac.»

    Karidja Touré, héroïne de Bande de Filles, assure d'ailleurs que depuis qu'elles ont commencé la promotion, les gens du milieu du cinéma les préviennent, leur disent qu'il n’y a pas beaucoup de films avec des noires. Assa Sylla complète:

    «Quand on prend du recul, on se dit qu’ils ont raison, et que s’il y a des rôles de noires, c’est toujours dans les clichés: des délinquantes, un accent, pas de papiers.»

    Ces représentations nuisent aux jeunes femmes qui par ailleurs sont victimes de racisme au quotidien.

    «Quand je suis arrivée en France», explique par exemple Lydia*, 25 ans, qui est née et a grandi en Haïti, «c’est là que je me suis vraiment rendue compte que j’étais noire. J’habitais en Savoie, où c’est beaucoup plus difficile qu’à Paris. Il n’y a pas vraiment de communauté afro en province, j’étais seule à l’université, j’étais tout le temps ramenée au fait d’être noire et j’étais seule».

    En Haïti, Lydia, qui travaille aujourd’hui dans les médias, était habituée à lire des magazines étrangers, français ou américains, et à y voir surtout des blanches. Mais à l’époque, la jeune femme ne s’en préoccupait pas.

    «Ici, c’est dérangeant parce que cette absence se pose sur une communauté afro-française qui n’est pas mise en valeur. J’ai besoin d’un soutien dans les représentations que je n’ai pas.»

    «Pas mise en valeur» est un euphémisme.

    Racisme

    Anna explique que le racisme commence très tôt.

    «Il n’attend pas que tu aies un certain âge. Dès l’école primaire, on te dit que tu es moche parce que tu as des gros traits. Ou je me souviens par exemple d’être allée à l’école avec des tresses et mes copines me demandaient ce que c’était que cette coiffure, disaient que c’était pas joli. Le soir, je rentrais et je demandais à ma mère de la changer. Consciente de tout ça, elle me disait “non, ce n’est pas normal que tu te trouves jolie à la maison et moche face au regard des autres”. Mais le regard des autres, ça fragilise.»

    Anna parle de «micro-aggressions», un terme courant dans l’étude du racisme et des logiques de domination en général à l'oeuvre dans une société donnée. Ces «micro-aggressions» désignent la façon dont un groupe dominant peut rappeler de manière récurrente, parfois sans y prêter attention, qu'il considère comme autre ou moindre la personne qu'il a en face de lui et qui fait partie d'un autre groupe. 

    «On nous demande quelle langue on parle, ce qu’on mange. On est dans un fantasme exotique aux yeux des autres. On n’est jamais assez français.»

    Anna donne pour exemple une prof qui estimait que son devoir n’était pas le sien parce que les mots utilisés étaient trop compliqués.

    «C’était humiliant. Je devais définir tous les mots employés pour prouver que je savais ce que je disais et écrivais. Tout ça c’est un ensemble de clichés: la fille noire qui connaît pas trop la langue parce qu’elle est pas complètement française.» 

    Pas complètement française non plus quand on lui demande d’où elle vient «réellement», que réellement elle vient d’Orléans, mais que ça ne satisfait pas son interlocuteur.

    Quoi que tu dises, tu es le produit de ce cliché: l'image de la femme sauvage

    Anna

    Il y a le racisme plus cru aussi, celui venu tout droit de l’héritage colonial qui présente les noirs comme des animaux, et fait des femmes noires, déjà hyper-sexualisées en tant que femmes, des animaux sauvages.

    «On a toutes entendu avec mes copines noires, sans exception, dès nos 15 ans: “j’ai toujours voulu essayer une noire”. Tu ne t’appartiens pas. Tu appartiens à un fantasme exotique dans lequel on t’impose une vision de toi sauvage, un peu brutale.»

    Le mythe raciste de la angry black woman –la femme noire en colère.

     «Tu n’es pas détentrice de tes propres émotions, quoi que tu dises tu es le produit de ce cliché. Et ce cliché ce qui le sous-tend, c’est l’image de la femme sauvage.»

    Rokhaya Diallo et Amandine Gay ont toutes les deux remarqué par exemple cette critique de Télérama au moment de la projection de Bande de filles à Cannes, en mai –par ailleurs élogieuse– évoquant «la sensation d’avoir posé le pied dans un territoire de fiction presque exotique» et décrivant ainsi Marième, l’héroïne: «Silhouette féline, nattes africaines, œil de biche»

    Partir

    Anna:

    «Tu te dis que si tu n’as pas l’approbation des gens au quotidien, le pays, les hommes politiques, l’administration vont te la donner?»

    C’est l’autre volet du déni de représentation, puisque le mot, rappelle Eric Fassin, est polysémique:

    «Il y a la représentation par l’image mais aussi la représentation politique. Or il y a des rapports entre les deux: être représenté politiquement, c’est avoir la possibilité de se représenter.»

    «Mais non, la dame de l’administration va parler à ta mère comme si ta mère ne savait pas parler français, parce qu’elle est noire. La secrétaire de telle administration va devenir malpolie au téléphone, après que tu auras dit ton nom. Et quand il y a du racisme, on parle de dérapage», grince Anna en se souvenant de la violence du débat sur l’identité nationale. 

    «Voir ton pays débattre sur toi, comme si tu étais un problème à analyser, c’est violent et intrusif: ton corps lui-même est remis en question par le pays où tu es né, parce qu’il est noir.»

    Puisque ni l’approbation ni le soutien ne viennent, le choix est de ne plus les attendre ou bien de partir, selon la jeune femme, qui opte pour le premier –«après l’avoir longtemps attendue». Et pour l’option départ, le rêve, c’est les Etats-Unis.

    Le rêve américain

    A l’instar de Anna, qui soudain s’est découverte chez Toni Morrison, toutes les personnes interviewées ont eu, à un moment donné, un référent afro-américain. Là-bas –et même si le racisme est loin d'y avoir disparu– les représentations existent, dans tous les domaines: Morrison en littérature –un prix Nobel qui plus est– des chanteuses, d’Ella Fitzgerald à Beyoncé, des comédiennes comme Kerry Washington, des mannequins comme Naomi Campbell...

    «Les seuls référents positifs quand j’étais petite venaient de la fiction américaine et c’est ce qui m’a permis de nourrir mon ego, notamment le Cosby Show, avec une famille bourgeoise comme modèle», se souvient Rokhaya Diallo.

    Pour Amandine, ce fut Jumpin Jack flash avec Whoopi Goldberg:

    «Une informaticienne qui reçoit le message d’un espion en URSS, et finit avec lui à la fin. J'ai vu ce film une première fois, et puis encore au moins 30 fois ensuite. C’était le seul avec une héroïne noire! Ensuite au lycée, je me suis tournée vers les Etats-Unis dès que j’ai eu une conscience politique. On va vers les black panthers où le corps noir est célébré, pour trouver une histoire qui nous parle, des modèles. J’ai eu une fixation sur Angela Davis, sur Whitney Houston.»

    L'afro-féminisme, qui a existé en France rappelle Amandine Gay, dès les années 1970, avec notamment La coordination des femmes noires.

    «Mais ça a disparu, ce n'est pas dans les livres d'histoire, donc même l'afro-féminisme on va le chercher aux Etats-Unis.»

    Certaines des femmes interrogées participent à des ciné-clubs qu’elles organisent entre elles, avec des films montrant des noires. Cela va des docus intellos aux séries populaires, où enfin elles se voient. Elles projettent aussi des films où le casting est entièrement noir, en dénonçant l’hypocrisie qu’il y a à parler de «films communautaires»«quand il n’y a que des blancs c’est quoi?» interroge Lidya.
     

    Les jeunes comédiennes de Bande de filles ne se reconnaissent pas dans la production culturelle française. «Moi je suis plus attirée par les Etats-Unis pour ça: là-bas il y a toujours des noirs partout. Tu regardes Julie Lescaut? Il y a un seul acteur noir!» lance Lindsay. «Moi je voudrais des séries comme Scandal ou Ma famille d’abord.» «Mais on voit ça qu’en Amérique, ici il y a pas ça, intervient Assa. Personne ne fait rien ici.  Franchement on se sent baucoup plus représentées par la culture américaine.»

    D'où la réponse de Karidja Touré, quand en interview quelqu'un lui demande si elle a vu tel ou tel grand classique:

    «Mais je ne les ai pas vus. Je suis désolée mais ça me donne pas envie: je suis dans l’univers des Etats-Unis parce qu’ils sont dans le futur. Ne se voir nulle part, moi je trouve ça grave... Enfin là on est dans le métro.» 

    Elles sont dans le métro, sur les abribus, les colonnes Morris, les devantures des cinémas indépendants ou de plus grandes salles. 

    «Ça fait bizarre, limite on est des intrus: sur une avenue il n'y a que des blancs sur des pubs, et puis nous! Je me suis dit “ha ouais, quand même”...»

    D'autres se le sont dit:

    Et Anna, si elle a des réserves sur le film, sur le fait que les noires représentées viennent «encore» de banlieue, se l'est dit aussi, lors d'une avant-première du film:

    «On y est allées en groupe. Et c’est un sentiment incroyable: tu sais pourquoi tu es là, et tu partages le film avec d’autres personnes qui ont la même expérience du racisme et de l'absence. Il n’y a que des femmes noires pendant 2h. Ce n'est pas forcément ton milieu, ta ville, tes occupations, mais tu te reconnais en tant que femme noire et tu vas te tourner vers ta pote et vous allez vous comprendre: savoir que c’est vous à l’écran.»

    Comme si soudain un tout petit coin de la cape d'invisibilité qui cache une partie de la population française avait été soulevé.

     

    (http://www.slate.fr)

     

     

     

     

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  • Misty Copeland, première danseuse étoile noire américaine ! BRAVO !!!

     

    Pour la première fois de l’histoire américaine, une danseuse noire accède au titre si prestigieux d’étoile. Cette nomination couronne un parcours hors du commun. A 13 ans, on lui reprochait de commencer la danse trop tard et de ne pas avoir le bon physique... pour ne pas dire la bonne couleur de peau. Retour sur une carrière exemplaire !

     

    Sa nomination entre dans l’histoire. Misty Copeland, a été promue danseuse étoile de l’American Ballet Theatre à New York, mardi 30 juin. L’accession à ce titre si prestigieux marque toujours un événement pour le monde de la danse. Mais cette promotion restera plus particulière que les autres parce que Misty Copeland, 32 ans, devient la première étoile noire des Etats-Unis. Tout un symbole dans une Amérique où les multiples violences policières contre des citoyens noirs  - comme à Charleston - ont soulevé la colère d’une partie du pays qui se débat encore avec son héritage esclavagiste et ségrégationniste.


    Voir une femme, noire, rejoindre l’élite de la danse (seulement) en 2015 soulève un vent d’enthousiasme mais montre aussi le long chemin parcouru pour arriver à ce niveau, dans un milieu artistique toujours très blanc. Avant Misty Copeland, le seul danseur étoile noir de l’American Ballet Theatre avait été nommé en 1997, vingt et un ans après le premier danseur étoile noir américain : Arthur Mitchell, choisi par le New York City Ballet en 1956.


    C’est dans cette même ville multiculturelle de la côte Est qu’Alvin Aileycréé en 1958 sa propre compagnie dans laquelle il réunit de jeunes noirs-américains pratiquant la danse contemporaine et qui sont, à cette époque, souvent exclus d’autres ballets. Sur les scènes du monde entier, le Alvin Ailey Ballet célèbre encore aujourd'hui la culture afro-américaine.

    Misty Copeland, première danseuse étoile noire américaine ! BRAVO !!! 

    La première danseuse noire à danser le « Lac des Cygnes » 

    « C'est important pour moi d'être un exemple », avait-elle alors indiqué au magazine, disant espérer « plus de diversité » sur scène et expliquant qu'elle voulait que les enfants voient en elle « un rêve » possible. Une belle idée quand on sait que la semaine dernière Misty est également devenue la première danseuse classique noire à danser le « Lac des Cygnes » à la Metropolitan Opera House de New York.

    « Ma grande peur, c'est qu'il pourrait se passer encore 20 ans avant qu'une autre femme noire soit dans la position où je suis, dans une célèbre compagnie de danse », a écrit dans son autobiographie celle qui estimait que si elle ne devenait pas « danseuse étoile », les gens penseraient qu'elle les aurait « trahis ».

    Misty Copeland, première danseuse étoile noire américaine ! BRAVO !!! 

    Le parcours d'une battante

    Le parcours était donc laborieux jusqu’à la promotion de Misty Copeland qui fait partie de la troupe de l’American Ballet Theatre depuis 2000 et pour laquelle elle danse en solo depuis huit ans. Sa nomination a suscité un afflux de félicitations sur les réseaux sociaux sur lesquels la danseuse - très suivie sur Twitter (plus de 63 00 abonnés) et Instagram (plus de 600 000 abonnés) -  a d’ailleurs posté sa nomination :

     

    Quelques jours auparavant, elle avait fait les gros titres de la presse en devenant la première danseuse noire à se produire dans le « Lac des Cygnes » à la Metropolitan Opera House de New York.  

    Misty Copeland, première danseuse étoile noire américaine ! BRAVO !!!

    Dernière marche avant les étoiles. Cette réussite tant saluée et médiatisée couronne un parcours hors du commun. Alors qu’elle vit modestement dans un motel en Californie avec sa mère et ses cinq frères et soeurs, Misty Copeland commence la danse à 13 ans. « Trop tard », lui diront certains. « Pas le bon physique », pas les bonnes formes, lui répondront d’autres, pour parler, peut-être en réalité de sa couleur de peau.

    Mais à 15 ans, elle remporte son premier concours et s’ouvre les portes de la réussite… Du rêve américain comme les Etats-Unis aiment tant le raconter. « J'ai eu des moments de doute, des moments où j'ai voulu tout arrêter, parce que je ne savais pas s'il y aurait un avenir pour une Afro-américaine à ce niveau, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse, mardi 30 juin, après l’obtention de son titre. En même temps, cela m’a donné tellement l’envie d’aller jusqu’au bout. »

    Reconnaissance des pairs

    Et depuis quelques années tout s’est emballé, notamment depuis la diffusion d’une publicité d’une marque de vêtements de sport la mettant en scène et qui a été vue par plus de 8 millions de personnes.

    Elle a également fait la Une du magazine américain Time qui l’a choisie parmi ses personnalités les plus influentes de l’année.

    Misty Copeland, première danseuse étoile noire américaine ! BRAVO !!!

     

    Elle a écrit son autobiographie Life in Motion: An Unlikely Ballerina (La vie en mouvement : une ballerine inattendue), classé parmi les meilleures ventes et qui pourrait être adaptée en film. Misty Copeland a également publié un livre pour enfant intitulé Firebird. Un documentaire a été réalisé sur elle et présenté au fameux festival du film de Tribeca à New York. La chaîne américaine CBS lui a aussi consacré tout un magazine 60 minutes.

    Avec cette exposition médiatique croissante et la reconnaissance désormais de ses pairs, Misty Copeland n'oublie jamais d'user de cette nouvelle tribune pour appeler à une plus grande diversité dans la danse.

    Elle compte bien incarner encore un exemple pour que tous les enfants qui font leurs premiers pas en chaussons voient en elle « un rêve » à leur portée.

     

    (http://information.tv5monde.com)

     

     

     

     

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  • Mêlant approche intimiste et analyses de spécialistes, la réalisatrice franco-ivoirienne Isabelle Boni-Claverie montre combien le passé colonial conditionne le regard de la France sur ses citoyens noirs.

     

    TROP NOIRE POUR ÊTRE FRANÇAISE ?

     

    Approximativement, car les statistiques dites "ethniques" sont proscrites, les Français à la peau noire seraient 3,3 millions. Lointains descendants des esclaves des Antilles ou des "indigènes" de l'empire colonial français d'Afrique, ils constituent une minorité souvent discriminée. Métisse élevée dans les beaux quartiers parisiens, fille d'une femme politique ivoirienne et petite-fille d'Alphonse Boni, un Noir devenu magistrat de la République française dans les années 1930, Isabelle Boni-Claverie se penche sur ce qui bloque l'ascension sociale des Français à la peau noire et la reconnaissance à part entière de leur citoyenneté.

    Clichés

    Partant de ses souvenirs personnels, la réalisatrice fouille dans son histoire familiale. Elle fait parler ses cousins blancs sur la manière dont sa famille maternelle, originaire du Tarn, a vécu le mariage de sa grand-mère avec un Ivoirien. Pour voir ce qui a pu évoluer depuis qu'elle en a été diplômée, elle pousse à nouveau la porte de la Fémis, prestigieuse école de cinéma où elle se souvient avoir été la seule élève noire. Plaçant des jeunes hommes et femmes face caméra, elle les interroge sur leur ressenti. Enrichi par les éclairages qu'apportent sociologues et historiens, son film exhume aussi, de pubs en sketchs comiques, d'extraits de JT en polémiques racistes, des clichés qui renvoient l'image d'une France au passé colonial toujours vivace. Et, malgré de généreux discours, pas davantage qu'hier ouverte à la diversité des origines, des cultures et des trajectoires individuelles.

    (http://www.arte.tv)

     

     

    (http://www.dailymotion.com/video/x2wihe3_trop-noire-pour-etre-francaise_tv)

     

     

     

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  • Isabelle Boni-Claverie, réalisatrice du documentaire «Trop noire pour être Française ?», diffusé sur Arte ce vendredi à 23h05, souhaite faire comprendre ce qu'on ressent quand on est discriminé. Son documentaire est à regarder en avant-première sur Libération.fr. 

     

    « J’ai été amenée par le regard des autres à me positionner comme noire. »

     

     

    A voir en exclusivité sur Libération depuis mercredi, le documentaire Trop noire pour être Française ? sera diffusé sur Arte ce vendredi soir à 23h05. La réalisatrice Isabelle Boni-Claverie part de son histoire personnelle de femme métissée victime de racisme malgré son milieu bourgeois, pour dresser un panorama global de la discrimination dont sont victimes les Noirs en France. Selon elle, «sans en être conscients, on est encore très imprégnés par l’histoire coloniale française».

    Vous expliquez avoir eu envie de faire ce documentaire à cause de l’affaire Guerlain, contre laquelle vous vous êtes mobilisée pendant plusieurs mois. En quoi cet épisode a-t-il été un déclencheur ?

     

    On était en 2010, ça faisait plusieurs années que le climat était très brutal, avec le ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, le débat sur l’identité nationale, les dérapages de Brice Hortefeux… On assistait à une libération raciste de la parole politique que je n’avais encore jamais connue. Et l’absence de réactions fortes et rapides à ces propos tenus sur un média public à une heure de grande écoute [Jean-Paul Guerlain avait déclaré : «Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin…», ndlr] a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. A part en 2002 pour Le Pen, je n’avais jamais éprouvé le besoin de descendre dans la rue ; en tant qu’auteure, j’ai une position plus en retrait, d’observation. Après cette mobilisation, j’ai ressenti le besoin de continuer à porter ces interrogations et ce message par les moyens du cinéma, avec une narration plus intime.

    Vous avez pris conscience d’être noire à l’âge de 6 ans, lorsque vous souhaitiez jouer Marie dans la crèche de l’école et que votre institutrice vous a imposé le rôle de Balthazar. Comment avez-vous vécu cette situation ?

    Je l’ai vécue comme une injustice. J’étais une petite fille de 6 ans et mon identité était d’être une petite fille. Là, tout à coup, on me disait «tu es noire et ça, ça compte davantage, donc tu peux incarner un garçon». Je me suis sentie mortifiée d’être obligée de me déguiser en garçon parce que j’étais noire, alors que ce qui m’intéressait c’était d’être Marie, d’être au centre de la crèche et de tenir le petit Jésus.

    Comment avez-vous perçu le racisme en grandissant ?

    Je suis partie vivre en Côte-d’Ivoire de 8 à 16 ans et je suis revenue en France pour le bac. Je revenais dans le pays de mon enfance, j’étais très heureuse. En voyant des affiches du FN «La France aux Français» dans les rues, je n’ai pas compris. Je commençais à voir le regard porté sur moi ; ce sont des choses subtiles, une forme de hauteur. Au téléphone, les gens pensent que je suis blanche. Donc quand je cherchais un appartement, on me parlait de ces «sales nègres» qui étaient dans l’immeuble. Ou, au moment de la visite, on me disait «non, on n’avait pas rendez-vous». Je cherchais un appartement dans le Ve arrondissement, je ne correspondais pas au standing.

    C’est du quotidien, qui, à chaque fois, vous humilie. On vous prend pour une vendeuse, on considère normal que vous teniez la porte, on s’étonne que vous soyez scénariste. J’ai été amenée par le regard des autres à me positionner comme noire. Une fois, alors que j’animais des ateliers de scénariste dans des écoles, un prof m’a scrutée de la tête aux pieds et m’a demandé : «Antillaise ou Africaine ?»

    Est-ce forcément déplacé de demander son origine à quelqu’un ?

    Ça dépend qui vous le demande et comment c’est demandé. Si c’est une des premières questions, c’est que, de façon très nette, l’autre vous appréhende par votre part d’ailleurs. On en a assez, parce qu’on n’a pas à se justifier sans cesse d’où on vient. Il y a un présupposé que, parce que vous être noir, vous êtes étranger. Aujourd’hui ça ne devrait plus n’être qu’un régionalisme, comme il y a des Français bretons, des Français auvergnats. Après, si vraiment la personne a envie de s’intéresser à votre histoire, on peut commencer à parler.

    Pourquoi pensiez-vous que votre histoire familiale vous mettrait à l’abri du racisme ?

    C’était le roman familial qu’on me racontait. Je pensais que mon grand-père [ivoirien, ndlr] et ma grand-mère [française, ndlr] avaient réglé ça pour nous, que ce combat avait déjà été mené. Mon grand-père est arrivé en France à 15 ans, en 1924. Il est devenu magistrat en 1939 et il a fini procureur de la République.

    Les choses évoluent à une lenteur extrême et désespérante. En attendant, des générations et des générations sont sacrifiées. Il y a des gens qui se battent pour avoir une bonne vie, meilleure que celle de leurs parents, et qui se heurtent à un plafond de verre. Vous êtes français et vous n’avez pas accès aux mêmes droits que les autres.

    Vous pensiez aussi, à tort, que le fait de venir d’un milieu aisé vous épargnerait…

    Mes parents y ont cru. Ils étaient très bourgeois et étaient convaincus qu’une bonne éducation était un sésame universel. Mon exemple montre bien que ce n’est pas qu’un problème social, comme on le dit trop souvent. Ce n’est pas parce qu’une majorité de Noirs sont de classe populaire que la discrimination n’est que sociale. Il y a une discrimination raciale qui s’ajoute.

    Le racisme s’exprime-t-il différemment dans les milieux aisés ?

    Comme c’est un milieu très élitiste, ce qui importe le plus c’est votre rang social. Donc si on estime que vous avez le même, aucune allusion n’est faite à votre couleur de peau. Mais cette acceptation se fait sur des critères de tradition française, à aucun moment vous n’aurez l’espace pour exprimer votre appartenance culturelle autre.

    A l’inverse, si on estime que vous n’en faites pas partie, il y a un fort mépris de classe, qui est redoublé par un mépris de race. Je trouve ce racisme d’autant plus violent qu’il vient de personnes a priori éduquées. Plus vous montez dans les échelons sociaux, plus vous rencontrez du racisme, parce qu’on se retrouve dans un entre-soi, et qu’il y a l’idée de préserver cet entre-soi.

    On entend dans votre film que «si les stéréotypes perdurent, c’est qu’ils ont une utilité sociale». Laquelle ?

    Ça permet de maintenir une hiérarchie sociale, que certains puissent conserver leurs privilèges. C’est une des raisons pour lesquelles il n’y a pas de politique anti-discrimination raciale en France : ça pose la question du partage du pouvoir.

    Sans en être conscients, on est encore très imprégnés par l’histoire coloniale française. La colonisation, et avant elle l’esclavage, a joint le rapport de classe au rapport de race : le travailleur était noir, du coup une sorte d’amalgame s’est fait. Ça devient plus acceptable d’avoir un subordonné noir qu’un supérieur noir.

    Comment avez-vous perçu le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, qui estimait que «l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire» ?

    Une gifle. Une gifle aux Africains. C’est d’un paternalisme affligeant, en plus ça a été prononcé en Afrique, devant un auditoire africain. C’était la vision de l’Afrique qui a prévalu au moment de la colonisation : ce sont de grands enfants qui doivent apprendre, et la France sera là pour les aider à grandir.

    Est-ce important d’avoir des modèles noirs ?

    C’est essentiel pour les jeunes, pour se construire et ne pas se brider professionnellement, on en manque en France. Mais ce n’est pas suffisant. On est dans une politique d’affichage. Indépendamment de la qualité professionnelle des personnes, on en choisit une ou deux que l’on rend plus visibles que d’autres en se disant que ça suffira. Aujourd’hui, l’intérêt n’est pas qu’il y ait un ou deux représentants, mais que tous ceux qui ont les compétences et l’envie puissent accéder à toutes les professions.

    Il faut une volonté politique de mesurer réellement l’ampleur des discriminations raciales et appliquer des mesures fortes. Il faut que les écoles, les institutions, les entreprises reflètent réellement la diversité. Ça passe par des statistiques. On ne peut pas combattre efficacement ce qu’on n’a pas mesuré de façon précise.

    Que cherchez-vous à faire avec ce documentaire ?

    J’espère que ça touchera des personnes qui ne sont pas concernées par ces questions. Je voudrais leur faire percevoir ce que ça peut être, ce que ça peut faire, d’être discriminé.

     

     

    La réalisatrice a également lancé un hashtag autour du film sur Twitter, #TropNoirs

     

    (http://ecrans.liberation.fr)

     

     

     

     

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  • Le Parisien, 1 juillet 2015 :

    Un incendie a ravagé une église de la communauté noire en Caroline du Sud, dans la nuit de mardi à mercredi. Depuis la tuerie raciste de Charleston, dans une église méthodiste africaine, le 17 juin, c’est le septième incendie qui touche un lieu de culte au service de la communauté afro-américaine dans le sud des États-Unis.

    Sept « églises noires » brûlées depuis la tuerie de Charleston

     

     

    Il est avéré que trois sont des incendies criminels.

     

    Les pompiers ont été appelés vers 21 heures à l’église méthodiste de Mount Zion, aux abords de Greeleyville, une bourgade située à 105 km de Charleston. Ila fallu près de deux heures pour contrôler l’incendie, qui a causé l’effondrement d’une grande partie du bâtiment. Seul le pignon de briques sur lequel était fixé la croix tient encore.

    Si les enquêteurs n’ont pour l’instant pas déterminé les causes de cet incendie, qui n’a pas fait de blessé, les circonstances sont troublantes : le 20 juin 1995, il y a vingt ans, l’église de Mount Zion avait déjà été touchée par les flammes. Deux anciens membres du Ku Klux Klan, la confrérie secrète défendant la suprématie blanche, avaient admis avoir allumé la mèche. Bill Clinton, alors président des Etats-Unis, avait assisté en 1996 à l’inauguration de la nouvelle église et la semaine dernière, le Los Angeles Times avait rappelé cette histoire dans un dossier sur les crimes visant les églises noires américaines.

    Autre élément troublant : hier, le Ku Klux Klan a annoncé qu’il manifesterait le 18 juillet sur l’esplanade du Parlement de la Caroline du Sud, à Columbia, pour la défense de la culture blanche et du drapeau confédéré. « Notre gouvernement tente d’effacer la culture blanche et notre héritage des pages d’histoire », dénonce le message de l’organisation en appelant à se joindre au rassemblement.

    Après la tuerie de Charleston, un vif débat s’est ouvert en Caroline du Sud et en Alabama pour enlever, ou non, le drapeau confédéré des institutions, symbole aujourd’hui encore des divisions qui perdurent entre blancs et noirs dans la société américaine. Dylan Roof, le militant suprématiste qui a abattu neuf Noirs, l’avait brandi pendant sa fusillade. De nombreuses entreprises avaient décidé de ne plus le vendre.

     

     

     

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